Le CSAPA Baudelaire de Thionville soigne, accompagne et prévient toutes les addictions y compris la cyberdépendance qui peut amener certains sujets à passer jusqu’à quinze heures par jour devant un écran. Aujourd’hui les experts estiment que 10 % des joueurs en réseau présentent un état de dépendance. Ils ont entre 15 et 35 ans et sont à 70 % de sexe masculin.
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Les addictions dites « sans substance psychoactive » ne se résument pas qu’aux jeux vidéo en réseau. L’avènement d’internet a généré d’autres types de cyberdé-pendance : tablette, smartphone, etc. Photo Pierre HECKLER
Ils passent en moyenne quinze heures par vingt-quatre heures à jouer et ont entre 15 et 35 ans. Aujourd’hui, les experts considèrent que 10 % des joueurs en ligne présentent une dépendance aux jeux vidéos. « Cet usage problématique est caractérisé par l’importance du temps passé devant l’écran et par l’impossibilité de contrôler ou de réduire le temps de jeu », explique Carole Girard-Reydet, praticien hospitalier en addictologie à la clinique des addictions de Jury et au centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie de Thionville (CSAPA Baudelaire).

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Cette population, masculine à 70 %, est fragilisée : décrochage scolaire ou professionnel, perte des relations sociales, amicales et familiales, répercussion sur l’équilibre alimentaire et/ou le sommeil, dépressivité de l’humeur, anxiété et irritabilité sont les signes qui doivent alerter l’entourage. Car c’est la famille, bien souvent désarmée, qui tire la sonnette d’alarme : « Des parents en prise avec une situation de repli quasi autistique de leur adolescent potentiellement génératrice de crises de violence », poursuit le médecin addictologue.
« La prise en charge (au CSAPA) s’inscrit dans une dynamique médico-socio-sociale découlant d’une conception multifactorielle du trouble », grâce à une équipe pluridisciplinaire composée d’un médecin, d’infirmiers, d’une psychologue, d’éducateurs spécialisés, et d’une conseillère en économie sociale et familiale. Menée sous forme d’entretiens, cette thérapie vise à « établir un bilan initial complet », à « instaurer une relation de confiance » et surtout « une alliance thérapeutique avec le joueur et sa famille ».
Le "syndrome" Candy Crush

Accompagné dans « une démarche de changement progressif, de décentrage par rapport à sa conduite addictive et de réappropriation des domaines psychique, physique, relationnel et socio-professionnel », le patient peut se voir proposer des entretiens motivationnels destinés à augmenter sa capacité à changer tout en l’aidant à « explorer » et à « résoudre son ambivalence face à ce changement », poursuit Carole Girard-Reydet. La thérapie cognitivo-comportementale permet en effet de « découpler les facteurs conditionnants et le comportement compulsif », comme le souligne encore Éric Ferry, éducateur spécialisé.
Mais les addictions dites « sans substance psychoactive » ne se résument pas seulement aux jeux vidéo en réseau, loin s’en faut. Car l’avènement d’internet a généré d’autres types de cyberdépendance qui, couplés avec une tendance aux achats compulsifs (une pathologie à 94 % féminine) ou un penchant pour les jeux d’argent et de hasard exacerbent l’addiction en la mettant à la portée immédiate du sujet. La dépendance au téléphone portable est tout aussi sérieuse et concerne majoritairement des femmes (52 %). C’est ce qu’on appelle le "syndrome" Candy Crush…

556 patients sont venus au moins une fois en consultation au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie de Thionville (CSAPA Baudelaire) durant l’année 2016. Ils y ont été évalués, suivis, pris en charge, ou dépistés (VIH, VHB et MST). Les mineurs à consommation problématique et/ou usage abusif peuvent y être accueillis et suivis à partir de 16 ans

« Qu’il soit cyberdépendant ou toxicomane, toute la vie du sujet tourne autour de son addiction. »
La phrase est de Carole Girard-Reydet, médecin addictologue.
Elle a pointé du doigt le fait qu’une addiction conduit toujours à une forme de désocialisation ou de déscolarisation et à des difficultés financières.
« L’avènement des technologies, l’exposition constante aux écrans favorise l’état de dépendance. On est dans l’immédiateté. C’est pulsionnel »,
a-t-elle ajouté.

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Implanté depuis 1998 à Thionville, le CSAPA Baudelaire (et ses membres) a élargi son champ d’actions à toutes les addictions comportementales sous l’impulsion du Dr Olivier Pouclet en 2008. Photo Pierre HECKLER
RL 06/04/2017